Nesles a surgi tout armé d’une fonte des glaces, pour offrir ce qui s’est fait de plus neuf en français depuis Bashung et Burger. Les mots en bouche comme des cailloux, noms de matières et de substances, de plantes et d’objets oubliés, aimés pour eux-mêmes jusqu’à mieux dessiner un monde de chair et de pierre.
Booking : nesles@pyrprod.fr
Bien sûr, il vient de plus loin, de toutes parts : nourri au lait de Fauré et de Satie, il a embrassé sans s’y perdre les imprécations post-punk de The Fall comme le dandysme stonien de Nikki Sudden.
Bien sûr, il vient de plus loin, de toutes parts : nourri au lait de Fauré et de Satie, il a embrassé sans s’y perdre les imprécations post-punk de The Fall comme le dandysme stonien de Nikki Sudden. Il brode des dentelles folk et joue au Thérémine les savants fous. Il lit Ponge comme Miller. Cela aussi s’appelle le rock : un rock sans oripeaux et sans oeillères, mais avec des lettres. Ainsi fédère-t-il discrètement toutes les voix, prestigieux aînés ou compagnons de route, qui donnent au chant d’ici un autre son. Un pluriel qui se décline au singulier. Et il faut l’avoir vu sur scène, funambule spasmodique, automate lascif, avec la grâce protéiforme de l’acteur qu’il est aussi, passant du mot précieux à l’interjection bacchique, au son d’un violon tour à tour acide ou lyrique, la joie enfin conquise. Nesles nous a fait danser à la lisière des flammes, nous a accompagnés à l’entrée dans la nuit. Et aujourd’hui encore, c’est lui qui nous accueille, le sourire lucide. Serge Chauvin
... avant la fin du monde ? Le nouvel album de Nesles pourrait être celui-là. Après l’organique et flamboyant Permafrost, Arsenic dévoile une autre facette de son auteur, qui en contient une multitude - acteur, dandy-punk hyperactif nourri de rock indépendant autant que de littérature, activiste d’une certaine scène francophone, avec le Festival, les Soirées et le Café Walden... En s’imprégnant de ces multiples personnalités, l’album lève le voile sur un monde étrange que l’on regarde se consumer en dansant. Une expérience qui vous absorbe. Et dont personne ne sortira indemne.
Sous l’emprise de cette improbable potion, on perd pied, on achoppe. Dans une dérivation constamment chancelante entre ombre et crépuscule, Arsenic s’immisce alors dans vos veines avec une acuité toxique. De ce venin de luxe, on tète goulûment chaque goutte jusqu’à la lie. Réalisé une nouvelle fois par Alain Cluzeau, Arsenic creuse plus profond encore le sillon qu’avait commencé à dessiner Permafrost. En explorant les recoins de sonorités rock ou folk échouées sur les rives électroniques, Arsenic fait le choix de ne pas choisir. Entre l’organique et le numérique. Entre le jour et la nuit. Entre la terre et le ciel. Les participations de Matt Swanson (Lambchop), d’Armelle Pioline (Superbravo) ou d’une chorale d’enfants parachèvent l’échafaudage subtil d’un édifice sonore en clair-obscur. Dans un dernier paradoxe, l’album dévoile d’ailleurs, sous ses sombres atmosphères, une énergie, une soif de vivre, un élan qui jaillit au cœur des cendres. Mieux qu’un poison. L’ultime antidote.
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